Marina Tsvetaeva. Poeme de la Fin 1924, fragment
Tes levres dont chuchotements j’attrappe,
Et sais - ne diras premier,
- N’aimes pas? – Si, je t’aime.
- N’aimes pas! - Mais tout epuise,
Tout nul et dechire.
(Comme un griffon tout regardant)
- Mon Dieu, c’est une maison?
- Tandis que la maison - mon coeur. Paroles!
L’amour – le corps et le sang.
Le rouge de feu tout abimant.
Tu y vois l’amour -
Se regardant assis autour?
Une heure – et en partant
Comme ces voyageants?
L’amour ca signifie …
- Que tu crois?
Bebe, y voyant a la fois
Que la foi! - sous les regards mefiants des
Bavardants buveurs? (Moi, repondant toute seule:
«L’amour est une fusee tendue
– comme l’arc en ciel tout apparu»)
- L’amour signifie l’alliance.
On est separes:de l' existance.
On a tout a part: la famille, la vie.
(Je t’ai supplie avant: sans mots!
Si tout au moment passionnant,
T’es si adore, brulant -
L’amour c’est le don, autant
Que le feu abime – tant pis!)
Ta bouche, ton trou innocent n’y touche.
Et ton souris – menteur.
- Et en premier - un lit.
Un son saveur.
- Tu desiras: bruler ou mentir?
- Des batteries de tambours,
On les entends autour.- Oh!Ce n’est pas la peine!
L’amour – la passion…La reine.
Je le seduis. Enfin?
Vois l’echafaud, des battements
Ca agrandit. (Le parvis et autour)
- On partira comme on mourra,
Je l’esperais au moment. C’est a payer!
Assez de rabaies:
Rimes, trains et billets...
- L’amour c’est la vie.
- Non, on le nommait alors
Auparavant…
- Le meme? -
Un foulard
Au poing comme poisson, y vois.
- Alors, on y va? - En route?
Poison, rails, balles - au choix!
La mort et finalement la fin!
La vie!Comme commandant de Rome,
En contemplant le reste de l’armee
Au front.
- Donc, on ferra les adieux.
- Je n’en voulais, mon Dieu.
Non, pas tout a fait comme ca!
(Tout en silence. Desir – c’est ce que le corps
inspire,on est pour toujours deux ames…)
- Mais n’a rien dit.
(Juste. Si le train depart,
Aux femmes comme un vin, leur part,
La separation demarre…) - C’est au sommeil,
Aux reves? - (T’es menteur,
Ton bouquet, des allusions toutes breves,
A separer, comment tu le diras, amant?)
- Tout clairement: tout brevement,
Alors, on se separe – vous dites?
(Comme le foulard,
On est impudiques, maudites…) -
Vous etes le vainqueur, Cesar.
Et a l’ennemi – l’epee de tsar.
Comme une trophee a donner!
On continue et apres. C’est une sonnerie,
Je l’entends – on s’enfuie,
Doublement je t'en remercie.
A chacune, vous le faisiez?
Ne renoncerez jamais!
C’est une vengeance attendue
Pour une femme oubliee et battue.
Le rire a travers la souffrance -
Une geste aux contraires reverences,
A dechirer mon corps, est-ce la un tresor?
(Nul part, aucun desir — desirer,
C’est pour ceux qui s’aiment,
Tandis que ne soyons que tenebres…)
Les fers sont soumis aux cercueils.
En plomb, car les seuils
Sont tous depasses. - Et enfin, t’en supplie
- Sans un mot. Jamais, ni a propos,
Ni pour...Ni maintenant, ni au futur.
(Tous les blesses, on les emmurrent -
Ni au printemps!)
- Moi aussi, t’en supplie.
Un anneau, te donnerais?
- Non. Encore un regard muet.
Le coeur renferme a jamais.
(Je le mettrai apres…
Sur mon coeur... Sans scenes!
L’avalerai! Non...)
Alors comme un chat, doucement:
- Pour tes ecritures? - Non,
Tu n’ecrireras plus, ni vers, ni prose,
Non plus...
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