Ioseph Brodsky, Ignition 1981

Иосиф Бродский, Горение 1981.

Un soir d’hiver, les bois
Refletent la tete de femme
Ses cheveux longs s’enflamment
Au vent du soleil, te vois.

Tes cheveux etincellent dores,
Au mieux de ne pas toucher!
Je ferme mes yeux, malheureux,
Pour t’admirer, mon dieu.

Ne pas les ranger, brancher
Meme s’approcher a pas:
Si non, ton regard s’enflammera
Et  sans peine m’incinerera.

Moi, j’y regarde la flamme,
Entends ta voix:
«Touche pas!»
Et puis en reponse «moi!»

Comme ca, je sens ton chaud,
T’ecrase dans mes bras tout fou,
Toi, sanglotant «trop!»
Et plein de tendresse «laisse!».

La flamme brulant, etincelant -
Moi, en te dechirant
Comme ce couturier-idiot
Qui cree son tissu-maillot

parmi cet hiver! Reconnais
tes cheveux aimes et dores.
Tes boucles maudites parmi
Les pinces si chaudes a cris!

Toi, tu es toute la meme
Toi qui n’a pas de peine
Pour etre toute nue devant
Tout le public urlant.

Est-ce que toi qui puisses
Detruisant des culisses
Y reconstruire ton projet
Tout denue, leger!

Moi, y plongeant au fond,
On se reunit enfin
Si sensuels, tendus,
Multicolores, emus!

C’est ta chaleur, ta flamme!
N'y renonce pas tes gammes!
A m'ignitier oubliant
Tes ecritures brulant.

Meme si tu te caches a peine,
La trahison des themes,
Nul que toi, t'es capable
M’y enflammer, veritable

m’epuiser et reanimer,
tout ecraser et encourager,
Tant de passion a Christ
Il ressusciterait en vrai!

Brule enflammant et peche,
Et etincelle comme flasch,
Avec ta levre mordue
Danse comme Menade foutue,

Hurlant, gemissant, bleme
En denudant ton corps ferme
Aux yeux de ceux-ci aux cieux
Qu’ils y soupirent, malheureux!

Comme les soies se dechirent
Ta nudite, je l’admire
La rose de ton joue-pomme,
Tes levres brulant au fond.

Comme ca on ecrase les frontieres,
Comme ca se reunissent fliboustieres
Et les etoiles s’envolent
Aux cieux pour gagner les poles.

Tu restes toujours la meme,
Tant pis au destin, aux germes,
Aupres de toi, je m’en fiche,
Rien et jamais ne triche.

Le froid a l’aube et la neige,
Les tiges intenses dansent,
Et mon cerveau, il brule,
Sentant tes blessures dures.


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