Ioseph Brodsky. Papillon, 1972

Иосиф Бродский. Бабочка, 1972

I
Dirai-je que t’es perdue?
Etant vivante un jour.
Que de chagrin
Сhez baladin qui cree!
A peine
Je prononcerais «vecue» -
Les dates de vie et mort
Se coincident et
Juste a ce moment,
Que tu y creves,
Moi, y tout genant,
Je le calcule.
II
Alors les jours
Sont nuls – pour nous
Moins que nuls.
On n’arrivera ni t’appliquer,
Ni avaler par oeil:
Ils sont tout blancs
Et transparents,
Non materiels, tes ailes.
Les jours te ressemblant
Aussi legers que tout ton vol,
Si je l’ai compare
Avec le sens de ces paroles.
III
Dirais-je que
Tu n’existes jamais?
Alors que je t’y sens,
Ici sur cette main?
C’est ta couleur
Aussi magique que l’air.
Qui t’inventait et colorait?
Moi, non plus,
Y murmurant paroles
Si etrangeres
A tes couleurs,
Brulant, etincelant.
IV
Tes tendres ailes,
Vois-je tes cils -
Et tes sourcils, tes yeux –
Ceux de la belle,
De l’oiseau bleuatre,
Ce sont les traits
De quelle deesse?
De quel miracle,
Grain me parlera
Cette nature-morte:
Fruit ou fleur,
Peut-etre la proie-pecheur?
V
Probablement,
T’es mon paysage,
T’examinant
J’y retrouverai
Un groupe de fees,
Leur danse sur plage,
Le jour qui est en cage?
Ou tout est sombre,
la nuit venue,
La lune nous eclairera –
Ce sont figures,
Les corps de qui?
VI
Crois-je que tu sois
Ni l’une, ni l’autre:
Une etoile,
Une femme sans voile…
Qui est-ce ce bijoutier
Qui cette beaute
A invente et
Sans soupcon,
Nous a rendus tout foux
Par ces idees
Que t’es l’image et
On n’y sent plus sages…
VII
Dis-nous,
Pour quelle raison
Toutes tes dentelles
Si belles et
Disparaissent en un seul jour,
Au bout de nos sejours
Il ne nous reste ni grain,
Ni trace de ta beaute?
On s’y agace,
Se sent tout incapables
De t’attraper,te prendre!
Moi, je ne t’embrasse!
VIII
Tu ne me repondras
Ni a la cause
De ta timidite,
Ni ta malheur,
Ni meme pour
Ce que meurs.
Mourant, vivant –
Chacun pourrait
Chanter,danser
Pour allonger
moments des jours,
Des temps!
IX
Toi, tu es privee
Du mode.
Mais y reflechissant,
Tout est au mieux :
Pour quelle raison
Prier les cieux
Tu n’y regrettes
Ni temps, ni vol
T’es digne d’admiration muette.
Le son est comme poussiere,
Toi, tu es legere comme
Mon chagrin.
X
Sans pouvoir
Sentir la peur,
Tu voles comme cendre
Au-dessus des fleurs,
Comme en prison
Ou ne respire
Aucune raison
Ni au passe,
Ni au futur
N’y seme
Ni espoire, ni grain,
Nul truc.
XI
Ainsi mon plume
Grincant sur blanc,
Cherchant des rythmes
Et tout enfin perdant,
Ou la sagesse et
L’heresie se pressent
Aux bras de ceux
Qui sont ni sourds,
Aveugles – sans soucis
Ne savourant nulles passions et
Les amours en repoussant
Tandis que les peches repentissant.
XII
Une telle beaute,
Une telle distance mediocre -
En y reflechissant,
En s’y tordant la bouche:
Comment s’y eclaircir
L’absurde
De creation universelle,
Si non,
A quoi bon
Nous y trouverons nous-memes
Qui courent leur vie
Aupres de cet absurde mepris?
XIII
Te dire «adieu»?
«Adieu» comme forme bonjour?
Il y a tant de personnes
Qui prefereront
Tout oublier:
Toi et ton regard bleuatre,
Ils sont coupables que
Pour la solitude et
La misere de leur sommeil,
Tout leur passe
Sont les nuages
Miracles!
XIV
T’es la meilleure!
Veux dire t’es Rien!
Ton Rien est proche
Et saisissable!
Tandis que
Tout autour
Est nexistable,
Tu voles aupres de rien,
Entre moi et rien
Et c’est ton corps
Leger que j'y admire
T’adore, fragile!


Рецензии
Если стих на другом языке,
зачем анонсировать его на русском?

Юра Керч   03.06.2022 22:09     Заявить о нарушении
Нюра, мне жаль, что разочаровала...
Но всё же это стихотворение Иосифа Бродского,написанное по-русски, а мой лишь перевод...
Я внесла поправку, спасибо за критику.

Нина Пивонова   04.06.2022 16:42   Заявить о нарушении
Ни в коем случае, не критика. Просто вопрос. И ответом, более чем, удовлетворён. Успехов в новых творческих восхождениях.

Юрий.

Юра Керч   05.06.2022 16:37   Заявить о нарушении