Un air de mouette

Je suis ne avec les orteils palmes.
Non, je ne suis pas un canard! Mais c est vrai: mon pas est autant peu habile que le sien sur la terre ferme. De plus, comme chez lui, il vient toujours un chien ou le silence pour me rabattre le caquet.
Non, je suis une mouette. Notre plumage est blanc! Et haut dans l azur, il fait rever les passants: les solitaires, les amoureux sur le bord de la jetee. Mais comme tout le monde le sait, les mouettes ne savent pas chanter. Et quand elles se mettent a crier, les sourcils se froncent! Demander un "quignon d attention" - ils se mettront a gronder!

Oui, ils revent les passants, et a moi aussi, il m arrive de rever d un passe...

Par les ondes marines, qu il est plaisant de planer! Gouter a l air frais qui s esseme au loin, en goutelettes fines, d ecume cristalline, sous le soleil du matin, a travers les nuages blancs en collines, rejoindre le soir, se poser sur le mat d un esquif... au grappes du ciel, deguster une derniere gorgee de rouge, et puis d un sourire vermeil, laisser tomber lentement les paupieres sur le tendre duvet d un sommeil evasif... Oui, a quoi bon y voir? Quand la lune me regarde, me protege, et que dans la memoire scintillent en cortege - les etoiles! 
   
La mer est bleue. C est vrai. Mais sur les vagues, on ne peut marcher, et dans le vague, il n y a point de sentier.
De meme, le ciel est bleu, mais gris, rouge et noir aussi. Il a ses ombrages. Le moelleux des nuages ne fait pas un lit heureux. A siroter le merveilleux, on en oublie le monde et sa loi - la gravite - qui ineluctablement nous ramene - solide - au sol, ou les tralalas ne riment pas souvent avec joie!

Au fond... que me sert-il de dire ces choses-la? Tout ces mots ne sont apres-tout qu un beau faux-fuyant, un mirage... Seigneur, tu le sais... Je n ai rien d un sage... La verite: la douleur, le souvenir et la peur me figent, m empechent d agir. Je suis un homme use et blesse d avoir tant essaye.

Donne-moi, je t en prie, la force d oser encore une fois.