Orexovo-Zuevo
Ainsi, je m en allai, ne sachant plus ou j etais, a travers la cour de l hopital.
Je me souviens que mon ame des pieds a la tete cherchait a sortir de mon corps -sans issue. Au fur et a mesure de mes pas, parfois je sentais son petit corps glisser dans le cercueil. Dans mon coeur alors je ressentais le poids de ma petite fille.
Les passants horrifies regardaient notre cortege funebre s'avancer.
Une vieille dame s arreta a une quinzaine de metres de nous, deposa son sac sur le sol, leva les mains jusqu a ses joues, et puis en fermant les yeux nous fit un signe de croix.
Je demandai a un homme la sortie. Je me savais plus m orienter. Maitrisant ses emotions, n osant me regarder, il me renseigna avec tact et repartit, apeure.
J approchai de la voiture, ouvrit le coffre, y deposai le cercueil, et je sentis a nouveau son corps glisser.
Je glissai avec elle et en un meme mouvement refermai la porte et me rattrappai a elle.
Apres quelque temps, je me ressaisis et partis au cimetiere dans la voiture couleur de sang.
...
Je remercie le personnel du Consulat de Russie en Belgique pour leur comprehension, leur amabilite, de m avoir en urgence accorder un visa pour tenter de sauver notre fille mais finalement accorder une sepulture chretienne a notre defunte Marie.
Je remercie aussi ces personnes inconnues de cet hopital de m avoir temoigne du soutien malgre leur effroi.
Cela a nous a permis a mon epouse et a moi de pouvoir mieux passer cette epreuve.
Quant a la rudesse de la situation, l inquietude qui point parfois face a l etranger et en ce genre de situation, je sais que la Russie a beaucoup souffert et souffre toujours, et ce n est pas cela qui m empechera ni de la comprendre ni de l aimer. Il faut enormement de temps pour rebatir et cela ne se fait pas sans peine.
Aujourd'hui, en me levant ce matin, sans doute mes troubles et leur lourdeur me rememorerent ce moment pesant qui demeure a jamais grave en moi.
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