Extrait de Nuit d aout d Alfred de Musset

La muse

Pourquoi, coeur altere, coeur las d'esperance,
T'enfuis-tu si souvent pour revenir si tard ?
Que t'en vas-tu chercher, sinon quelque hasard ?
Et que rapportes-tu, sinon quelque souffrance ?

Que fais-tu loin de moi, quand j'attends jusqu'au jour ?
Tu suis un pale eclair dans une nuit profonde.
Il ne te restera de tes plaisirs du monde
Qu'un impuissant mepris pour notre honnete amour.

Ton cabinet d'etude est vide quand j'arrive ;
Tandis qu'a ce balcon, inquiete et pensive,
Je regarde en revant les murs de ton jardin,
Tu te livres dans l'ombre ; ton mauvais destin.

Quelque fiere beaute te retient dans sa chaine,
Et tu laisses mourir cette pauvre verveine
Dont les derniers rameaux, en des temps plus heureux,
Devaient etre arroses des larmes de tes yeux.

Cette triste verdure est mon vivant symbole ;
Ami, de ton oubli nous mourrons toutes deux,
Et son parfum leger, comme l'oiseau qui vole,
Avec mon souvenir s'enfuira dans les cieux.

...

Ah si seulement ce poete avait ecoute sa muse, son ange ...
A la place d ecrire pour charmer, il aurait ecrit pour servir Dieu ...

Avec sa plume habile et legere, il aurait epouste de nos ames la tristesse,
Soulage nos coeurs faibles, englues, des passions lourdes qui l'oppressent

Et moi de soupirer: je n'ai ni le talent, ni la sante pour cela,
Aussi, dois-je bien me resigner a me forcer a m occuper de moi ...

Imaginez seulement un seul instant!
Une ecriture abreuvee de la Parole, une plume fidele, en Esprit, qui par une grace infinie, puisse couver les coeurs blesses de Son aile et guerir les esprits!

Oh! Poetes! Mes freres et mes soeurs!
Au diable la vanite! C est ca le bonheur!

Pas de se rendre egal a Dieu,
Mais juste faire de son mieux ...

A continuer ...