A la source d eau claire...

-L’eau de la ville est vraiment mauvaise. Trop de calcaire, trop de substances chimiques et cela se goute!
Je profitai de la visite chez le medecin pour ensuite me rendre a la source.  La, je remplis quelques bidons de 5 litres.
Au vu du prix actuel, comptant en moyenne 2 bidons de 5 litres, je gagne toujours au minimum 10 euros, et en couplant les visites, je diminue encore la depense en carburant.
« Par ailleurs, la, l’eau y est fraiche et douce. La, l’air y est frais et pur. La, j ai la paix, et la, mes peines … prises au filet de l’echo, glissent et disparaissent, au fil de l’eau. »

Il fallait vraiment que je m’y rende … Trop d’emotions, trop de vagues – danger danger de rechute; surtout apres le petit pelerinage de Noel : si benefique pour l’ame, mais si onereux au corps, avec des consequences nuisibles pour lui: fatigue, courbatures, allergies, beaucoup d emotions.

J’arrivai la-haut sur la colline, garai la voiture, sortis, respirai a pleins poumons et me mis a prier.
Je demandais comment mieux lutter, comment depasser ma sante, ne pas tomber dans le corps, dans le gouffre du temps et de la solitude, dans lequel la memoire douloureuse moisit au souvenir quotidien des offenses que je porte dans mon corps, dans mes douleurs. Oui, de toute evidence et je le sais depuis longtemps, je ne m’en sors pas si bien que cela. 

J’entamai donc la priere a la Mere de Dieu en entrant dans le domaine de la source.
Je vis un cure qui me rappela un pretre … Un faux moine orthodoxe de la region, en fait :l’incarnation de l’anti-pretre deguise, responsable de tant de divisions, de tant de drames, et qui un jour, m’avait reconnu alors que j’etais allonge sur une civiere. Ce jour-la, malgre mon salut, il me regarda longuement avec mepris et haine, tout en gardant le silence, et il remuait la machoire et les levres comme s il savourait quelque chose. C est aussi ainsi que peuvent reagir les puissances quand elles voient nos souffrances: elles meprisent et savourent. 
 
Suite a la vue du cure, des pensees me traverserent l’esprit; sur le moment confuses, incompletes, quelques mots, des images. Sur le moment-meme, je decidai de ne pas y preter attention, et continuai mon chemin. Ce n’est que maintenant, revenu a l’appartement, derriere l’ecran, que je decouvre ce qu’il y avait dessous ...
 
« Tu es encore la, seul ? Que fais-tu ? Personne ne vient t’aider. Ce n’est pas un endroit pour toi, tu n’y trouveras rien ». Ensuite une autre repondit : « Suffit-il d’un habit pour devenir pretre ? Que fait le Saint ? Le serpent siffle, mais le Saint se signe et l’ignore. Il passe et tient le silence pour garder son ame en paix ».

Maintenant que je complete le texte qui va suivre, je comprends que ces mots concernent aussi le souvenir.


Je me dirigeai alors vers le parcours qui represente la passion de Jesus, et continuai de prier en marchant; surtout en recitant le Notre Pere.
De nouveaux petits fragments vinrent completer la priere de Jesus … et je demandai a Dieu de m aider pour que je puisse les agencer dans le bon ordre, et, a la fin du chemin du calvaire, la priere etait prete!
Je saute les etapes et rends le resultat.

« Seigneur et Pere – merci.
Seigneur et Consolateur – pardon.
Seigneur, Jesus Christ, Fils de Dieu, aies-pitie de moi – pecheur.
Trinite Sainte, gloire a Toi. »

Oui, il m’a toujours ete difficile de pratiquer la priere du coeur.
Je suis ne a L Ouest. Contrairement a ce qu ils disent, ce n est pas la terre de Saint Pierre, mais plutout de Saint Thomas. Il m’est difficile de laisser mon intelligence de cote, et j’ai besoin de clarte.
Je suis un ane qui a recu gratuitement beaucoup de coups de baton, malheureusement et heureusement tetu, et il me faut plus de temps pour comprendre. Je n ai pas ete plonge dans la marmite comme Obelix quand j etais petit; je dois ressentir avec certitude dans mon coeur, en ame et en intelligence, ce que je percois pour commencer a le cultiver.   
Des mots si courts que la priere de Jesus m’atteignent difficilement.
Mon intelligence, ma memoire se manifestent trop et je ne comprends pas que l’on puisse s’adresser de maniere aussi directe a Dieu.
Mon intelligence ne comprend pas que l’on puisse omettre les deux autres personnes de la Trinite.
Mon code culturel ne comprend pas que l’on puisse s’adresser directement a Dieu avec une demande.
Malgre mes efforts, surtout quand je souffre physiquement et,ou moralement, je n arrive pas toujours a garder mon esprit a flots, et a ce moment, il est difficile d’empecher la programmation societale de negation du peche qui pousse a l orgueil ou autre passion, il est difficile de ne pas succomber a la tentation.
Oui, la maladie favorise l’apparition des passions, et ce n est que le combat avec ou sans maladie, et surtout l adresse a Dieu et Sa grace, qui permettent de traverser la mer de la vie, grandir. "... J apprends mes peches sur Tes chemins et les impurs s adresseront a Toi ..."
Quand le corps et la main sont blesses, on ne met pas du vinaigre dessus, mais on y place un baume pour pouvoir la tendre lentement. L entendement n est pas bon, on a besoin de secours et de clarte.
Combien de fois, en repetant la simple priere, je ne me suis pas casse le nez, sombrant dans l’hebetude ou la tristesse … Je n’ai pas le niveau et les pretres sont presses … Aussi, aujourd’hui, apres des annees, j’ai encore prie et a la fin du chemin du calvaire, je me suis retrouve avec une priere comme faite sur mesure - pour moi!

Je dis aussi Seigneur car je ne suis pas Son vrai Fils, mais juste un enfant parmi d autres.
Je remercie le Pere car Il est la cause, le Createur.
Je demande pardon au Consolateur, car c’est Lui que le Pere nous a envoye a la demande de Son Fils, et que malgre Sa misericorde, Sa consolation, je Le trahis.
Je demande pitie au Fils car c’est lui qui est venu pour nous soigner et, comme le Pere, il remet aussi les peches, et c’est Lui qui viendra nous juger. Je termine en rendant gloire Aux trois Personnes divines.
Cette priere est courte, complete, facile a retenir. Il y a de la joie, de la gratitude, du regret, une demande de pardon, une demande, une louange. Elle est faite pour moi, qui oublie beaucoup de choses. Merci aux Forces celestes.

Une fois le chemin parcouru, je me dirigeai vers la source d’hiver pour remplir les bidons et fredonnai l hymne a la Mere de Dieu.
Comme j’en ai desormais l’habitude, je m’assis sur un des bancs en face de la statue pour prier en paix au son de l’echo de la source.
Je l’avais compris des annees plus tot. Bien souvent, de bonnes idees viennent lors de la priere ou apres, mais vu mon etat et celui de ma technologie, il m’est tres difficile de plier ma volonte pour qu’elle se transforme en rituel salvateur, en saine habitude et, la plupart du temps, j’oublie de noter ces idees. Aussi, les circonstances et le besoin ou autre chose, doivent me rappeler ces suggestions, qu’il m’est plus fait facile de saisir la-haut, a cet endroit de paix sur la colline au joli son vivant de la source.

J’etais assis sur le banc, fatigue et priais. Ne pouvant plus supporter le desordre de mon corps, incapable cette fois-ci de trouver la paix, les pensees douces n’arrivaient pas, je me dirigeai vers la source pour y plonger les mains, je les y plongeai, et les pensees douces se manifesterent alors que je ne les esperais plus: plus souvent venir ici, enregistrer l’ecoulement de l’eau pour l’ecouter avant de dormir, et ainsi, noyer les acouphenes dans ce son pour permettre l’endormissement.

J’entamai donc la prise du son avec le smartphone, mais loi de vexation ou autre chose : un cure au regard enerve vint troubler ma quietude pour accomplir la necessaire tache de la collecte des troncs. Il fit donc beaucoup de bruit.
Je dus interrompre l’enregistrement: fatigue, glycemique, l irritation commencait a poindre et je decidai de partir.
En me retournant, j’apercus sur le banc un vieil homme assis tenant avec difficulte une tablette. Cette image me rappela que je devrais plus souvent avoir ce comportement quand je suis la – noter. Il me vint aussi l’idee de prendre mon ordinateur portable, car l’ecran du smartphone est bien petit pour ma vue qui a baisse.

Arrive a la voiture, a nouveau dans un creux de fatigue et de solitude, m apparut un dialogue! Il regroupe divers elements de ce lieu : un vieux monsieur triste qui tient dans ce village une petite brasserie.
Je vous fais le recit sorti de mon imagination :

Le cafetier etait assis seul a la terrasse de son etablissement.
Depuis bien longtemps, les pelerins ne viennent plus. Les affaires sont mauvaises. Il fumait une cigarette. 
Un inconnu s’approcha et lui dit :
"Vous semblez si triste, vous semblez avoir perdu quelque chose. Vous faites-vous tant de peine pour ce monde ?"
Le cafetier s’etonna qu’il devine le fond de ses pensees, mais la bonte qui emanait de lui l inclina a sortir de sa reserve habituelle et il consentit a lui repondre : "Il est vrai qu’on se demande bien ou va le monde … " Il acheva sa phrase en un leger soupir, comme une ecume qui meurt dans le sable du desert ...
L’inconnu lui posa une autre question :
« Savez ce qu’est un Saint ? »
A nouveau surpris, et encore plus intrigue, mais cependant, toujours enclin a repondre : « Je pense que oui … C’est une bonne personne qui ne fait jamais de mal, mais du bien a tout le monde et plutot calme … »
L’inconnu ajouta : « Ce n’est pas tout a fait cela. Vous serez un Saint quand du lever au coucher, vous pourrez voir le monde mourir, sans que votre coeur ne sombre ou ne s’envole, sans que les vagues ne vous agitent, en continuant de vivre, d’oeuvrer et de sourire, de prier, d’esperer. »
 
Le cafetier ouvrit grand les yeux ! Comme s’il avait entendu ou vu quelque chose d’extraordinaire, d’inedit qui illumine ! Stupefait, bouscule, ebranle par ces mots dont il ne comprenait pas encore la portee, il baissa la tete, et ahuri regarda le sol, qui ne semblait plus vraiment soutenir la table devant lui, puis il le chercha du regard : l’inconnu avait disparu !

Avant de commencer l’ecriture, il m avait fallu peu de temps pour comprendre que ce dialogue s adressait a moi, quelques secondes. Mais quelque chose me genait : l’inconnu, c’etait moi! Et meme si j en ai, et je ne sais pas toujours comment, j’ai peur de l’orgueil. Comment est-il possible que j’apparaisse sous les traits d’un heros !? Orgueil ! C est en effet un danger!
Au fur et a mesure de l’ecriture, cette peur s’attenua.  Et je comprends mieux a l instant qu’elle est la richesse de cette petite visite a la source.

Je suis quelqu’un de sensible, mais je crois essayer d’etre sincere, je suis sincerement touche a la vue du malheur d autrui, j essaie sincerement d aider, devenir meilleur pour mieux aimer, etre un bon chretien : un chretien digne - et non l’ane crasseux que je suis. 

Dans ce petit songe, l’inconnu a mes traits ; cependant, je sens et sais que ce n’est pas moi, mais - mon espoir sublime de perfection.
Oui, Saint-Seraphin de Sarov rappelle que la tache du chretien orthodoxe consiste aussi a oeuvrer pour recevoir l’Esprit Saint.
La, j ai egalement prie avec le desir de trouver une solution: comment depasser mon piteux etat qui me pousse au peche, me fait tomber sans volonte dans le corps - a la merci de l’ennemi.
Ce vieil homme qui cherche a survivre dans un pays ou la foi disparait, seul, sans guide, sans ami, avec personne a qui parler, qui fume, qui peche, qui boite, qui compatit au sort de son prochain, avec beaucoup moins de vague a l’ame que moi et plus de retenue - il est aussi une partie de moi.
 
Il n’est pas donne a tout le monde de comprendre cela. J’ai recu un enseignement … Des decennies d’entrainement …
A apprendre et comprendre comment supporter d’autres souffrances avec des personnes qualifiees. Cela ne s’improvise pas. On ne le fait pas seul, mais accompagne. Le plus important n est pas la technique, mais la connaissance de soi que l on acuiert et le recul sur soi que l on doit avoir, de peur de sombrer dans la folie. Il faut aussi et surtout demander l aide de son gardien!
Dieu merci! Les personnes qui ont vecu cela sont une minorite.
Mais prudence avec l analyse!

Ce songe est surtout une confirmation :
Avec un tel corps, une telle ame – difficile de ne pas sombrer.
Ce songe me rappelle que je suis sur la bonne voie, mais que je devrais davantage me fier a ces douces pensees qui naissent dans la priere, les noter. Il me rappelle que je dois continuer la lutte, m’eclaire sur un des aspects de la Saintete – l’impassibilite.
Cette journee me confirme que malgre mes chutes, notre Bon Seigneur est toujours avec moi ; et ce, aussi certainement parce que je vais toujours vers Lui avec le coeur repentant, confiant mon impuissance. Et que certainement, comme cela est bien ecrit, voyant mon impuissance, ma sincerite, Il continue d’etre avec moi, m’eclaire petit a petit, me rappelle ce que j’oublie. 
Cette visite m’a donne quelques armes pour mieux lutter. Cette journee me rappelle encore fort heureusement: a quel point je suis loin de la Saintete et que ce n’est qu’en continuant d’aller vers Dieu que j’aurai une chance de recevoir Sa grace et pouvoir etre sauve.

Il faut chercher. Pas un peu – mais enormement!
Et si cela semble beaucoup a l’aune de notre vie terrestre, ce n’est qu’un clin d’oeil dans l’eternite.

Le dialogue m’est apparu devant ma voiture. J’avais pris mon ordinateur portable avec moi car je devais montrer le resume sur l’etat de mon dos a mon bon medecin. Je dois noter pour ne pas oublier. L’ordinateur etait donc dans la voiture.
Je l’ai ouvert et commencai la a ecrire une partie de ce petit temoignage.
Apres quelque temps d ecriture sur place, l irritation s est amenuisee, et je suis retourne a la source pour enregister le son de la fontaine.

Je dois rentrer. Mon epouse attend mon appel et ici, je dois payer le prix des donnees echangees.

Depuis, je suis rentre et le complete.
Je l’ai termine, je crois.
J’ai termine d’ecrire.
Ma chere epouse et moi avons un parle. Elle a mal a la tete aujourd hui. Je lui ai envoye l enregistrement. Il l aidera aussi a gagner le sommeil.

On pourrait penser. Comment avec de telles choses, il peut encore pecher !
Je ne m’attends plus a ce que l’on comprenne …
Quand on a eu autant de choses pendant aussi longtemps dans la solitude et l’opprobre … L’esprit, l’ame, la volonte sont dans la glue. J’ecris de maniere intelligible, mais l’etat general n est pas bon. La dominante emotionnelle est a la confusion de l usure - paysage emotionnel dans lequel apparaissent des rayons de soleil qu il faut aussi chercher.

Et oui, il est faux de croire que la volonte est absolument libre!
Le corps est le temple de l ame, mais un temple, cela vieilli, cela se detruit, et il peut crouler! Et la volonte, souvent, suit l ecroulement ...
Oui, dans le corps, la volonte est une substance electrochimique et il ne faut pas la confondre avec le souffle! Il y a bien longtemps deja, Saint Gregoire disait que l homme decouvrirait des choses que Dieu a crees.
Le Christ aurait-il transmis une Parole qui ne tient pas compte du corps? Pourquoi autant de liens entre le corps, le temple, la chute et l orgueil? N est-il pas LE medecin? L apotre Luc et Saint Luc de Russie, n etaient-ils pas medecins? Dieu choisit-Il ses representants au hasard? Pourquoi encore diviser ce que Dieu a cree? Au lieu d essayer de comprendre et d harmoniser a la Lumiere de l Esprit - le corps et l esprit?
Les catholiques - cata-strophe pour la chretiente - ont fait cela: ils ont change le sens des Ecritures, transforme la volonte de Dieu en constante punition: "mea culpa, mea maxima culpa! Salvatio in doloris!" Les klistes aussi! Et on entend encore cela ... Sont-Ils Dieu pour savoir en details comment Dieu pense et agit?
Ont-ils le coeur constamment avec Lui, Son regard penetrant par-dela le temps et l espace? Ont-Ils son Esprit partout present et qui emplit tout?
Si Dieu ne soufflait pas sur les malades, serions-nous autant sur terre?
Le corps est le temple de l ame - prends en soin. Comme la foi, il faut du temps pour le rebatir. Nous ne sommes pas le Christ!

Beaucoup se gonflent la poitrine et la gorge en disant: "C est moi qui l ai fait! J ai supporte l enfer! Je suis toujours vivant! Je suis fort!"
Mais s ils savaient vraiment, ils iraient se cacher dans les toilette et tireraient la chasse pour evacuer ces idees-la!
Qui aide? Dieu ou l ennemi? Quand est-ce Dieu ou l autre? Comment les distinguer? Voila, il me semble, les bonnes questions que d autres ont pose bien avant moi ...
En ce qui me concerne, je n ai aucun doute, si j y ai une petite part, c est surtout celle de m adresser a Dieu, et de continuer a le faire.   
Selon les statistiques, je ne devrais plus etre ici, mais mort depuis bien longtemps ...
   
Et enfin, je ne suis pas un Saint, mais un ane crasseux qui repete beaucoup et essaie. 

Gloire a Dieu et merci a la Mere de Dieu pour Son eau ... 


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