константин кедров в париже 2002

Konstantin KEDROV

DELUGE

N’entre pas dans ma maison
n’entre pas dans ma maison
si tu entres
un malheur surviendra
malheur sans nom
murs noy;s sanglots profonds

le fils laissera sa chair
son radeau laissera
le fils du tr;s-haut
un jour resplendira

Mecque du cri – mie du pain – suie de l’ab;me
masse de la com;te –
boulet de l’oeil – pierre muette, mais la com;te
n’est que gouffre d’eau
qui l’oeil de boeuf
d;vorera
et de sa lave lavera le verbe – soudain imberbe
dans l’antre de la t;te
ovale aval;
la Volga vogue au Walhalla
les gardons vid;s gardent
l’image et son reflet
absorb;s
dans le ventre humide
de la Volga

impair et pair
l’arche du testament
prend l’eau de toutes parts
coule le sang du Christ
le Styx crie
critique

ni nom ni nuit
nulle lune ne luit
Gong
ci-g;t
ni;
et nu
;tendu
;
l’en-
vers
en
vers
Christ
***
J’ai atteint le silence
qui m’a d;pass; pour toujours
J’ai atteint le silence
qui m’a perdu dans le silence
Je suis entr; dans le jardin exsangue
dans la for;t d;capit;e
Plus la moindre distance
Tout est en tout
Le temps m;me n’est plus
Pas ; pas je mesure une longueur abolie
hier encore j’;tais aujourd’hui en moi-m;me
sans me voir
Je peux le dire avec des mots :
j’;tais
pourtant je ne suis plus
Ou plut;t :
j’;tais dans l’;tre
mais je n’y suis plus
et dans ce temps d;j;
et pour toujours sans doute
nulle part
ou peut-;tre partout
j’ai atteint le silence parlant
et le cri du non-dit




 
La locomotive miroitante

La locomotive miroitante
roulait des quatre c;t;s
en quatre perspectives transparentes
dans la cinqui;me se r;fractait
du ciel en direction du ciel
de la terre ; la terre
et de soi-m;me en soi
de la lumi;re vers la lumi;re
sur des rails de clart;
aux traverses
lunaires
;cartelant
le calibre glac;
des lointains
et s’engouffrant dans le tunnel de la pupille d’Ivan Ilytch
qui a vu la lumi;re ; la fin du commencement.
Elle transportait toute cette lumi;re
portant aussi son propre poids
et l’air entier
la gare toute enti;re
et tout le ciel jusqu’au dernier rayon
et la vo;te
;toil;e
elle contournait
le bout du monde
et traversait le monde et sa lumi;re
;tincelant
tel Hector avant la bataille
de son armure miroitante ; travers ciel







(po;mes traduits du russe par Christine Zeytounian-Belo;s)

SELENE  (Селена)

La lune respire un reflet
s'aspire et m'aspire
rejet; par un pleur inutile
un g;missement ext;rieur
il a perdu quelque chose
et
raisonnant logiquement
est rest; sans rien
dans cet humide semi-lendemain
querelle, querelle, amour
II pensait qu'hier encore
il avait des motifs
d'кtre sobre et gai
mais coup; en deux par la lumi;re
il est tomb; sur la table
encore congel;
encore mort 
A travers la chair translucide de ta pens;e
on peut voir la profondeur glauque des m;duses
et de fond marin 
un ciel 
o; rien n'est visible 
hormis la clart; visqueuse des ;toiles

LA FLUTE (Свирель)

Un voleur ; la fl;te ;mouss;e me suit
sa fl;te est pleine de regards
la crosse vague devient fl;te aveugle
entre dans le brouillard
;met des sons de brume
l'obscurit; nocturne
secoue les yeux dont la fl;te est remplie
l'horizon envelopp; de fl;te
rena;t des cendres
mort comme l'enfant
emmaillot; d'une fl;te bleue
accouchement aveugle
de la fl;te
 
LA MER  (Море)

La mer n'a pas de limite. 
Tissant des abоmes, 
un escalier d'eau grimpe au ciel. 
La mer est la limite du monde, 
le monde de la limite. 
L'horizon rempli de tridents, 
c'est l'envol de la mer;
Rien qu'un instant, et l'azur prend son essor, 
l'eau se brise,
des orages s';gr;nent,
engrangeant des grappes d';pines et de rosйs.
Mer v;locip;dique de roues.
Mer de roues v;locip;diques.


LA DERNIERE MORT  (Последняя смерть)

Des cerises m;res tombent
dans le monde solaire des id;es.
L;-bas, le pillage a rassi la bont;
et les portes de la joie radieuse sont ouvertes.
La lune, fille malade, est la latrine de la lumi;re.
Je ne suis en rien ni en personne.

C'est temporaire, c'est intemporel.
La d;pouille verte s'envole r;sign;e
sur les ailes cendr;es du jour cr;pusculaire.
Aujourd'hui, je ne suis pas : nulle part, en rien
ni sur l'arbre chevalin, ni sur la moindre surface,
ni dans les marques.
Seul un dieu qui volait par l;
a perdu son aile nocturne.

Les coups du tonnerre font si mal.
Les deux r;chauffent encore la nuit

d;soss;e qui s';loigne en rampant,
transie jusqu'au gel des ;toiles,
seul le dessin d'une main vide
parle de la derniиre mort.
 
L'ASSEMBLEE DU SULTAN  (Султаново вече)

Donne-moi cette lune, 
cramoisie d'amour, 
ce soleil ;ventr;, 
une fille ; cent bras, 
disons-nous adieu dans l'obscurit; 
royale et lunaire. 
R;duites en cendres par la col;re cadav;rique, 
trois doses d'amour, 
trois solutions aux ;nigmes 
des fen;tres 
des filles aux yeux clairs   
а la col;re des visiteurs. 
Que l'assembl;e du sultan s'accomplisse, 
assembl;e des t;tes tranch;es, 
des assignats de cent roubles; 
nombreuses sont les br;ches, les courbures, 
les entailles des m;narets, 
des temples et des lits. 
Il n'y a rien. 
Il n'y a rien eu. 
Il n'y aura rien. 


LA POMME  (Яблоко)

Le ver rouge du coucher
a perc; son chemin dans la pomme a;rienne
et la pomme est tomb;e.
Les t;n;иbres des voies trac;es par le ver
ont tout englouti
comme Adam la pomme.
La pomme qui conn;t Adam
contient d;sormais un arbre
et l'arbre qui conn;t Adam
porte des fruits aigres
que go;ta Adam.
Mais pour le ver
Adam, la pomme et l'arbre ne font qu'un.
A leur carrefour le ver trace des huit
et retourn; comme un gant
il contient la pomme et l'arbre.
 
DELUGE (Потоп)

N’entre pas dans ma maison
n’entre pas dans ma maison
si tu entres
un malheur surviendra
malheur sans nom
murs noy;s sanglots profonds

le fils laissera sa chair
son radeau laissera
le fils du tr;s-haut
un jour resplendira

Mecque du cri – mie du pain – suie de l’ab;me
masse de la com;te –
boulet de l’oeil – pierre muette, mais la com;te
n’est que gouffre d’eau
qui l’oeil de boeuf
d;vorera
et de sa lave lavera le verbe – soudain imberbe
dans l’antre de la t;te
ovale aval;
la Volga vogue au Walhalla
les gardons vid;s gardent
l’image et son reflet
absorb;s
dans le ventre humide
de la Volga

impair et pair
l’arche du testament
prend l’eau de toutes parts
coule le sang du Christ
le Styx crie
critique

ni nom ni nuit
nulle lune ne luit
Gong
ci-g;t
ni;
et nu
;tendu
;
l’en-
vers
en
vers
Christ


* * *
 (Я достиг тишины)
J’ai atteint le silence
qui m’a d;pass; pour toujours
J’ai atteint le silence
qui m’a perdu dans le silence
Je suis entr; dans le jardin exsangue
dans la for;t d;capit;e
Plus la moindre distance
Tout est en tout
Le temps m;me n’est plus
Pas ; pas je mesure une longueur abolie
hier encore j’;tais aujourd’hui en moi-m;me
sans me voir
Je peux le dire avec des mots :
j’;tais
pourtant je ne suis plus
Ou plut;t :
j’;tais dans l’;tre
mais je n’y suis plus
et dans ce temps d;j;
et pour toujours sans doute
nulle part
ou peut-;tre partout
j’ai atteint le silence parlant
et le cri du non-dit
 
 


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