L ordinateur de l amour c. cedrov
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L'ORDINATEUR DE L'AMOUR
http://video.mail.ru/mail/kedrov42/1/161.html(Àíäðåé Âîçíåñåíñêèé î "Êîìïüþòåðå ëþáâè")
traductions de Christine Zeytounian-Belous
http://video.mail.ru/mail/kedrov42/19/20.html
Deux voix de femmes
Poésie ininterrompue : le chant profond ne s’est jamais tu. Nous pouvons aujourd’hui l’entendre traduit en français, dans sa polyphonie.
Comme le disait Anne Coldefy-Faucard, la poésie russe n’a pas, comme la prose, trébuché sur le seuil du post-soviétique. Elle n’a cessé, sous l’oppression comme dans le chaos qui l’a suivie, de s’écrire, de se dire, de se répandre. Une anthologie publiée par La Différence (1) permet précisément de sentir les continuités entre les générations, et la manière dont des tendances qu’on oppose souvent tressent ensemble des oeuvres personnelles. C’est du moins la thèse que soutient Konstantin Kedrov dans une préface très pertinente, montrant comment modernisme, académisme et postmodernisme voisinent sur la palette de l’auteur qui peut, aujourd’hui, y piquer ce qui lui convient. Le talent, seul, faisant la différence. Nous avons voulu présenter deux voix différentes de cette poésie dans sa génération la plus contemporaine. Deux femmes nées à moins de dix ans d’intervalle, mais dont les textes se situent à des années-lumière, à moins que l’authenticité de leur parole ne les réunisse, à l’infin
(1) Poètes russes d’aujourd’hui, anthologie bilingue, préface de Konstantin Kedrov, postface de Boris Lejeune, Éditions de La Différence. 312 pages, 25 euros.
Petite histoire de la poésie russe modern
Le poète russe, on le sait, est plus qu’un poète. La poésie a longtemps été l’élément moteur de la littérature russe, c’est moins vrai aujourd’hui, mais en dépit d’une certaine marginalisation, la poésie continue d’occuper en Russie une place plus importante que sous d’autres latitudes.
Impossible de retracer toute l’histoire de la poésie russe, ni même toute l’histoire de la poésie russe contemporaine en quelques traits. Cette présentation a pour objet de poser un certain nombre de jalons et d’esquisser quelques croquis d’un paysage aussi vaste que varié. L’unité de ce paysage est d’ailleurs sujette à caution, on observe aujourd’hui une multitude d’îlots poétiques qui communiquent difficilement entre eux et entre lesquelles la navigation n’est guère aisée. Et cet état résulte d’une histoire riche en bouleversements.
Les grandes lignes sont bien connues du spécialiste, mais pas forcément du public même très éclairé. Qu’il me soit donc permis de rappeler brièvement ce qui a précédé la période soviétique.
La littérature russe moderne se forme au cours du dix-huitième siècle, suite aux réformes linguistiques et grammaticales initiées sous Pierre le Grand et parachevées sous Elisabeth par Mikhaïl Lomonossov. C’est Nikolaï Karamzine, à l’aube du dix-neuvième siècle, qui fixe la langue littéraire moderne. L’âge d’or de la poésie s’annonce bientôt, dont Gavriil Derjavine et Vassili Joukovski sont les précurseurs ; il est dominé par la figure tutélaire et pratiquement divinisée d’Alexandre Pouchkine. D’autant plus nombreux seront ceux qui souhaiteront, jusqu’à aujourd’hui et toujours en vain, le jeter par dessus bord du bateau de la modernité. La mort en duel de Pouchkine en 1837 marque la poésie d’une empreinte tragique, que renforce quatorze ans plus tard le sort identique de Mikhaïl Lermontov.
Dans les décennies qui suivent, la prose prend le pas sur la poésie, qui se fait populiste avec Nikolaï Nekrassov. Emerge cependant la figure majeure de Fiodor Tioutchev. Sans oublier celle d’Afanassi Fet, adepte de l’art pour l’art.
La poésie connaît à nouveau une expansion éblouissante à l’âge d’argent, qui commence vers 1892 et se poursuit jusqu’aux années 20, riche en nombreux courants dont les principaux sont le symbolisme, le futurisme et l’acméisme.
Dmitri Merejkovski, fondateur du symbolisme russe, proclame « la fin de l’époque du positivisme étouffant et morbide ». Les principaux adeptes du mouvement sont Fiodor Sologoub, Zinaïda Hippius, Viatcheslav Ivanov (première génération de symbolistes, également appelés « décadents »), Valery Brioussov, Konstantin Balmont, Alexandre Blok et Andreï Biely. Ils sont beaucoup plus mystiques que leurs collègue belges et français. Selon Viatcheslav Ivanov l’art doit transformer la réalité. Maximilian Volochine est proche des symbolistes et on peut retrouver des échos symbolistes dans les premiers poèmes de Marina Tsvetaieva. Les symbolistes appellent de tous leurs voeux une révolution de l’âme.
Le futurisme arrive en Russie après 1910 et préconise quant à lui une révolution de la forme. A la différence du futurisme italien, il n’est ni militariste ni anti-féministe, mais plutôt anarchiste. Il commence par la provocation mais aboutit à un important travail sur les mots. Vladimir Maïakovski et Velimir Khlebnikov en sont les représentants majeurs, sans oublier David Bourliouk, Alexandre Kroutchenykh, Elena Gouro ou encore Igor Severianine fondateur d’un sous-courant egofuturiste. Boris Pasternak fait lui aussi partie du groupe futuriste Centrifuge.
L’acméisme, du mot grec acmé qui signifie sommet, est fondé en 1913 par Nikolaï Goumilev. Il veut poser un regard neuf sur le monde et exige plus de rigueur. Une révolution de l’esprit en quelque sorte. Anna Akhmatova et Ossip Mandelstam sont les acméistes les plus célèbres et, avec Khlebnikov, les poètes qui ont sans doute le plus marqué la nouvelle vague poétique contemporaine.
Parmi les autres mouvements poétiques, citons le clarisme de Mikhaïl Kouzmine et la poésie paysanne avec Nikolaï Kliouev et Sergueï Essenine, ce dernier participe également au mouvement imaginiste. Mentionnons en passant le biocosmisme, le luminisme, le fouisme et les nitchevoki, variante russe du dadaïsme.
La révolution de février est accueillie avec enthousiasme par les poètes comme par la majorité de la population. Cependant la prise de pouvoir par les bolcheviks en octobre 1917 et la terreur qui suit dissipent les illusions.
De nombreux ateliers littéraires sont ouverts à l’intention des ouvriers dans le cadre du Proletkult. Mais la tentative de créer une littérature prolétarienne échoue : la plupart des poètes prolétariens sont tout simplement mauvais, voire ridicules.
Maïakovski quitte le futurisme pour fonder en 1922 le LEF qui veut promouvoir un art utilitaire.
L’effervescence littéraire s’achève bientôt. Une période noire commence.
Alexandre Blok sombre dans la dépression et meurt en 1921, Nikolaï Goumilev est arrêté et fusillé la même année. Sergueï Essenine se suicide en 1925. Vladimir Maïakovski met fin à ses jours en 1930.
L’Oberiou, absurdiste et surréaliste, est le dernier groupe poétique libre, fondé en 1927 par Daniil Harms, Alexandre Vvedenski, Nikolaï Zabolotski et Nikolaï Oleïnikov. Leur apolitisme ne les sauvera pas. Vvedenski, Harms et Oleïnikov mourront en détention, Zabolotski passera de longues années au goulag.
Bien d’autres poètes seront arrêtés et disparaîtront dans les camps durant la période stalinienne, notamment Ossip Mandelstam.
En 1932, suite au décret du Comité central du Parti « sur la reconstruction des organisations littéraires et artistiques », toutes les organisations littéraires sont dissoutes. L’Union des écrivains est créée qui prône une idéologie unique : le réalisme socialiste.
La littérature russe se scinde en deux pour une période de soixante ans : littérature soviétique d’une part et littérature de l’émigration et de la clandestinité de l’autre.
Parmi les poètes émigrés on retrouve Zinaïda Hippius, Dmitri Merejkovski, Konstantin Balmont, ainsi que Ivan Bounine, Vladislav Khodassevitch, Gueorgui Ivanov, Sacha Tchiorny et Marina Tsvetaieva qui reviendra par la suite en Union Soviétique où elle sera acculée au suicide.
Les textes que la censure interdit sont cependant diffusés grâce au samizdat (autoédition) et au tamizdat, édition faite en occident et introduite en fraude dans le pays. Et malgré la censure, les groupements clandestins ou semi clandestins se multiplien
Conceptualisme de Dmitri Prigov et de Lev Rubinstein, métaphorisme (appelé également métaréalisme et même méta-métaphorisme par le poète Konstantin Kedrov, théoricien du mouvement) d’Ivan Jdanov, Alexeï Parchtchikov et Alexandre Eremenko, auquel on peut aussi rattacher Mark Chatounovski, Vladimir Aristov, Arkadi Dragomochtchenko. Poésie métaphysique d’Olga Sedakova, Svetlana Kekova et Olessia Nikolaeva. Polystylisme de Nina Iskrenko, Evgueni Bounimovitch et Tatiana Chtcherbina. Ironisme de Igor Irteniev et de Timour Kibirov. Comme leurs aînés, ces poètes recueillent l’héritage de l’âge d’argent et le réinterprètent, ainsi la poésie de Sergueï Gandlevski a parfois des accents acméistes, tandis que les recherches de Elena Katsuba évoquent le zaoum.
Les frontières entre courants sont d’ailleurs fluctuantes comme en témoignent des poètes aussi intéressants et divers que Nikolaï Kononov, Mikhaïl Aïzenberg, Vladimir Salimon ou Vitali Kalpidi.
Les groupements par affinités rassemblent des poètes d’âges divers. Les poètes de tradition néo-classique sont édités par la revue Arion qui ne dédaigne pas pour autant les modernistes. Les auteurs provocateurs et extrémistes comme Alina Vitoukhnovskaïa et Andreï Rodionov se regroupent autour des éditions Ultra Kultura. Les auteurs du Doos (société protectrice des libellules) fondé par Konstantin Kedrov et Elena Katsuba et qui privilégie les recherches de langage, sont publiés par le Journal des poètes. De nombreuses autres publications existent. Et Internet joue un rôle majeur en offrant de nombreux sites et un choix important de textes, ainsi que des concours qui recueillent un grand succès.
Les éditions du Pouchkinski fond à Pétersbourg et les éditions OGI à Moscou éditent de nombreux recueils et des lectures poétiques ont lieu presque quotidiennement dans des clubs et autres lieux culturels de Moscou.
On qualifie le foisonnement actuel d’âge de bronze de la poésie russe, Viktor Koulle dans un article de l’hebdomadaire littéraire Ex libris du 19 janvier 2006 a même affirmé non sans raison qu’il s’agissait d’un nouvel âge d’or.
Christine Zeytounian-Beloüs
Orientations bibliographiques (Anthologies de poésie contemporaine) :
Poètes russes d’aujourd’hui, anthologie bilingue, préface de Konstantin Kedrov
LE CIEL C`EST LA LARGEUR DU REGARD
LE REGARD C`EST LA PROFONDEUR DU CIEL
LA DOULEUR C`EST L`ATTOUCHEMENT DE DIEU
DIEU C`EST L`ATTOUCHEMENT DE LA DOULEUR
LE REVE C`EST LA LARGEUR DE L`AME
L`AME C`EST LA PROFONDEUR DU REVE
LE SOUFFLE C`EST LA HAUTEUR DE L`INSPIRATION
LA LUMIERE C`EST LA VOIX DU SILENCE
LE SILENCE C`EST LA VOIX DE LA LUMIERE
L`OBSCURITE C`EST LE CRI DE L`ECLAT
L`ECLAT C`EST LE SILENCE DE L`OBSCURITE
L`ARC-EN-CIEL C`EST LA JOIE DE LA LUMIERE
LA PENSEE C`EST LE MUTISME DE L`AME
L`AME C`EST LA NUDITE DE LA PENSEE
LA NUDITE C`EST LA PENSEE DE L`AME
LA LUMIERE C`EST LA PROFONDEUR DU SAVOIR
LE SAVOIR C`EST LA HAUTEUR DE LA LUMIERE
LE CHEVAL C`EST L`ANIMAL DE L`ESPACE
LE CHAT C`EST L`ANIMAL DU TEMPS
LE TEMPS C`EST L`ESPACE ROULE EN BOULE
L`ESPACE C`EST LE CHEVAL DEPLOYE
LES CHATTES SONT LES CHATS DE L`ESPACE
L`ESPACE C`EST LE TEMPS DES CHATS
LE SOLEIL C`EST LE CORPS DE LA LUNE
LE CORPS C`EST LA LUNE DE L`AMOUR
LE BATEAU C`EST UNE VAGUE DE FER
L`EAU C`EST LE BATEAU DE LA VAGUE
LA TRISTESSE C`EST LE VIDE DE L`ESPACE
LA JOIE C`EST LE PLEIN DU TEMPS
LE TEMPS C`EST LA TRISTESSE DE L`ESPACE
L`ESPACE C`EST LE PLEIN DU TEMPS
L`HOMME C`EST L`ENVERS DU CIEL
LE CIEL C`EST L`ENVERS DE L`HOMME
L`HOMME C`EST L`ENVERS DE LA FEMME
LA FEMME C`EST L`INTERIEUR DE L`HOMME
L`ATTOUCHEMENT C`EST LA FRONTIERE DU BAISER
LA FEMME C`EST L`INTERIEUR DU CIEL
L`HOMME C`EST LE CIEL DE L`INTERIEUR
LA FEMME C`EST L`ESPACE DE L`HOMME
L`AMOUR C`EST L`ATTOUCHEMENT DE L`INFINI
L`ETERNITE C`EST L`INSTANT DE L`AMOUR
LE VAISSEAU C`EST L`ORDINATEUR DE LA MEMOIRE
LA MEMOIRE C`EST LE VAISSEAU DE L`ORDINATEUR
LA POESIE DE POUCHKINE C`EST LE TEMPS DU VOLEUR
POUCHKINE C`EST LE VOLEUR DU TEMPS
LA MER C`EST L`ESPACE DE LA LUNE
L`ESPACE C`EST LA MER DE LA LUNE
LA LUNE C`EST LE TEMPS DU SOLEIL
LE TEMPS C`EST LA LUNE DE L`ESPACE
LES ETOILES SONT LES VOIX DE LA NUIT
LES VOIX SONT LES ETOILES DU JOUR
LE VAISSEAU C`EST LE PORT DE L`OCEAN ENTIER
L`OCEAN C`EST LE PORT DU VAISSEAU ENTIER
LA PEAU C`EST LE DESSIN DES CONSTELLATIONS
LA CONSTELLATION C`EST LE DESSIN DE LA PEAU
LE CHRIST C`EST LE SOLEIL DE BOUDDHA
LE BOUDDHA C`EST LA LUNE DU CHRIST
LE TEMPS DU SOLEIL SE MESURE
AVEC LA LUNE DE L`ESPACE
L`ESPACE DE LA LUNE C`EST LE TEMPS DU SOLEIL
L`HORIZON C`EST LA LARGEUR DU REGARD
LE REGARD C`EST LA LARGEUR DE L`HORIZON
LA HAUTEUR C`EST LA FRONTIERE DE LA VUE
LA PAUME C`EST LA BARQUE DE LA FIANCEE
LA FIANCEE C`EST LA BARQUE DE LA PAUME
LE CHAMEAU C`EST LE VAISSEAU DU DESERT
LE DESERT C`EST LE VAISSEAU DU CHAMEAU
LA BEAUTE C`EST LA HAINE DE LA MORT
LA CONSTELLATION D`ORION C`EST L`EPEE DE L`AMOUR
L`AMOUR C`EST L`EPEE DE LA CONSTELLATION D`ORION
LA PETITE OURSE C`EST L`ESPACE DE LA GRANDE OURSE
LA GRANDE OURSE C`EST LE TEMPS DE LA PETITE OURSE
L`ETOILE POLAIRE C`EST LE POINT DU REGARD
LE REGARD C`EST LA LARGEUR DU CIEL
LE CIEL C`EST LA HAUTEUR DU REGARD
LA PENSEE C`EST LA PROFONDEUR DE LA NUIT
LA NUIT C`EST LA LARGEUR DE LA PENSEE
LA VOIE LACTEE C`EST LE CHEMIN DE LA LUNE
LA LUNE C`EST LA VOIE LACTEE DEPLOYEE
CHAQUE ETOILE EST JOUISSANCE
LA JOUISSANCE C`EST CHAQUE ETOILE
L`ESPACE ENTRE LES ETOILES C`EST LE TEMPS SANS AMOUR
L`AMOUR C`EST LE TEMPS REMPLI D`ETOILES
LE TEMPS C`EST L`OMNIPRESENTE ETOILE DE L`AMOUR
LES HOMMES SONT DES PONTS ENTRE LES ETOILES
LES PONTS SONT DES HOMMES ENTRE LES ETOILES
LE DESIR DE S`UNIR A L`AUTRE C`EST L`ENVOL
L`ENVOLEE C`EST L`ETREINTE PROLONGEE
L`ETREINTE C`EST L`ELAN POUR PRENDRE VOL
LA VOIX C`EST L`ELAN MUTUEL
LA PEUR C`EST LA LIMITE DE LA LIGNE DE VIE SUR LA PAUME
L`INCOMPREHENSION C`EST QUAND ON PLEURE UN AMI
L`AMITIE C`EST COMPRENDRE LES PLEURS
LA DISTANCE ENTRE LES GENS EST REMPLIE D`ETOILES
LA DISTANCE ENTRE LES ETOILES EST REMPLIE DE GENS
L`AMOUR C`EST LA VITESSE DE LA LUMIERE
INVERSEMENT PROPORTIONNELLE A LA DISTANCE ENTRE NOUS
LA DISTANCE ENTRE NOUS
INVERSEMENT PROPORTIONNELLE A LA VITESSE DE LA LUMIERE
C`EST L`AMOUR
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À. Âîçíåñåíñêèé "Äåìîíñòðàöèÿ ÿçûêà"
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