супер марио

Un danseur dsireux de perfection pourrait apprendre d`elles (marionnettes) toutes sorte de choses.
Il me demanda si je n`avais pas en effet trouv certains mouvements des poupes, surtout des plus petites, trs gracieux dans la danse

Comment il est possible de commander leurs membres en tous points, comme l’exigeait le rythme des mouvements ou de la danse, sans avoir aux doigts des myriades de fils ?
Il ne fallait pas s’imaginer que chaque membre tait avanc et retir sparment par le machiniste, aux diffrents moments de la danse.
Chaque mouvement avait un centre de gravit ; il suffisait de commander celui-ci, l’intrieur de la figure ; les membres, qui n’taient que des pendules, obissaient d’eux-mmes de faon mcanique, sans qu’on y soit pour rien.
Ce mouvement tait trs simple : chaque fois que le centre de gravit tait dplac en ligne droite, les membres se mettaient dcrire des courbes ; souvent mme, agit de manire
purement fortuite, le tout adoptait une sorte de mouvement rythmique, qui ressemblait la danse.

Le machiniste qui commandait ces poupes devait lui-mme tre un danseur ou, pour le moins, avoir une ide du beau dans la danse ?
Le fait qu’un mtier tait ais sur le plan mcanique n’entranait pas de soi qu’il puisse tre exerc sans la moindre sensibilit.

La ligne que le centre de gravit devait dcrire tait, vrai dire, trs simple et, croyait-il, dans la plupart des cas toute droite. Lorsqu’elle tait courbe, la loi de sa courbure semblait tre au moins du prmier degr, du second tout au plus ; et, mme dans ce dernier cas, seulement elliptique. Cette forme du mouvement, tant toute naturelle pour les extrmits du corps humain ( cause des articulations), n’exigeait donc pas, pour tre atteinte, un grand art du machiniste.

D’un autre ct pourtant cette ligne tait profondment mystrieuse. Car elle n’tait rien d’autre que le chemin de l’me du danseur ; et il doutait que le machiniste puisse la dcouvrir autrement qu`en se plaant au centre de gravit des marionnettes, c’est--dire en dansant.

On m`avait dpeint ce mtier comme assez dpourvu d`esprit : un peu comme de tourner la manivelle d’une vielle roue.

Nullement. Les mouvements des doigts sont au contraire dans un rapport assez subtil celui des poupes qui y sont attaches, peu prs comme des membres leurs logarithmes et de l’asymptote l’hyperbole.
Mais mme ce dernier rest d’esprit pourrait disparatre des marionnettes et que leur danse, passant entirement au domaine des forces mcaniques, pourrait tre obtenue au moyen d’une manivelle.

J’exprime ma surprise de vous voir juger digne d’une telle attention cette forme d’art conue pour le vulgaire. Et que non seulement vous tntes pour susceptible d’un plus haut dvellopement, mais encore sembltes s’intresser vous-mme la chose.

Si un mcanicien voulait me montrer une marionnette selon mes vues, il en tirerait une danse que aucun excellent danseur de l’poque, sans exclure Vestris lui-mme, ne serait en mesure d’galer.

Avez-vous entendu parler de ces jambes mcaniques que des artistes anglais fabriquent pour des malheureux qui ont perdu leurs membres ?

Si je vous dis que ces malheureux dansent avec, j’ai lieu de craindre que vous ne me croirez pas.
Que danser ?
Le cercle de leurs mouvements est sans doute limit; mais ceux qui sont en leur pouvoir s’excutent avec un calme, une lgret, une souplesse qui frappent d’tonnement toute me attentive
 
Et quel avantage aurait cette poupe sur les danseurs vivants ?
Quel avantage ? Avant tout, mon cher ami, un avantage ngatif : celui d’carter toute affectation.
Car l’affectation apparat, comme vous savez, lorsque l’me (vis motrix) se trouve en tout point autre que le centre de gravit du mouvement. Comme le machiniste ne dispose en fait d’aucun autre point que celui-ci sur lequel agir au moyen du fil de fer et de la ficelle, tous les membres sont, comme ils doivent tre, morts, de purs pendules, et obissent la seule loi de la pesanteur ; qualit exquise, qu’on chercherait en vain chez la plupart de nos danseurs.

Voyez donc la P.., quand elle joue le rle de Daphn et que, poursuivie par Apollon, elle se retourne vers lui ; son me se tient dans les vertbres des reins. Elle flchit comme si elle allait se briser, la faon d’une naade de l’cole du Bernin. Voyez le jeune F.., lorsqu’il figure Pris debout entre les trois desses et tend la pomme Vnus : son me se tient exactement (cela fait peur voir) dans le coude.
De telles mprises sont invitables depuis que nous avons mang du fruit de l’arbre de la connaissance. Mais le Paradis est bien ferm et le Chrubin derrire nous ; il faudrait faire le tour du monde pour voir si de quelque manire, il ne serait pas de nouveau ouvert par derrire

Ces poupes ont de plus l’avantage d’chapper la pesanteur. Elles ne savent rien de l’inertie de la matire, proprit des plus contraires la danse : car la force qui les soulve est plus grande que celle qui retient la terre. Que ne donnerait notre bonne G… pour peser soixante livres de moins ou pour qu’un contrepoids de cet ordre lui vienne en aide lorsqu’elle excute ses entrechats et pirouettes ? Les poupes n’ont, comme les Elfes, besoin du sol que pour l’effleurer et ranimer l’lan de leurs membres par cet appui momentan ; nous-mmes en avons besoin pour y reposer et nous remettre des efforts de la danse : moment qui, manifestement, n’est pas lui-mme la danse et dont il n’y a rien d’autre faire que de l’liminer autant qu’on peut.

Vous ne me feriez jamais croire qu’Il puisse y avoir plus de souplesse dans le mannequin mcanique que dans la structure du corps humain.
Il tait parfaitement impossible l’homme d’approcher mme en cela le mannequin. Que, sur le terrain, seul un dieu pourrait se mesurer avec la matire ; et que c’tait la le point ou les deux extrmits du monde circulaire se raccordaient.


Рецензии