Ioseph Brodsky. Nature morte. 1971

Иосиф Бродский. Натюрморт. 1971
1
Des objets et des etres
Nous entourent.
Les uns comme les autres
Au noir nous torturent.

Etant assis sur un banc
Au parc, suivant
Je me degoutais des gens,
De la famille passant.

Et le janvier a la porte,
L’hiver selon le calendrier.
Tout le degout apporte
J’y vais tout a l’heure parler.


2

C’est l’heure. C’est pas
Par ou je commence
Mais a la bouche ouverte
Je garderai mon silence.

A propos de quoi? Des jours,
Ou des nuits  - nul.
Ou sont des objets,
Des traces, mais pas

Des hommes, ils sont tous morts.
Moi aussi, je creve.
C’est pas la peine
Comme si au vent je reve.



3

Mon sang est froid. Mais
La gele est plus forte
Que la riviere surgelee.
Je deteste les gens de toutes sortes.

Leur apparence est fausse
Mais place aux certains visages
Les souvenirs atroces
De leurs vies pas sages.

Ce qu’il y a aux visages,
A mon esprit est sauvage
Ce qui reflete la flatterie
Aupres de celle , celui.


4

Plus agreables celles-ci.
Il n’y a ni mal, ni bonte
En apparence. Sans meme
Si mes tripes renoncant ou blemes.

A l’interieur – la poussiere.
Le cendre. Le moisissure.
Les murs. Le papillon sec.
Desagreable pour bec.

La poussiere. Que la lumiere brule
La ou le soleil coule.
Meme si sans l’air -
L’objet scelle.


5

C’est un buffet ancien
A l’interieur et dehors,
Me rappellant ainsi
La Notre-Dame de Paris.

La sombrete au fond,
La serpilliere, l’etole
N’effaceront rien
Mais se transforment au nul.

C’est la poussiere qui gagne,
Ne force pas tes cils.
Le cendre – le corps de temps;
Ce qui nous reste du sang.



6

C’est tout le dernier temps
Je dors tout le jour blanc.
C’est evident  la mort
Veut demonstrer mon sort

me rapprochant au bouche
Le miroire qui touche
Mon existence farouche
Et au soleil se couche.

Je reste immobil. Mon cul
Tout est froid, nul.
Mes veines brillent du bleu
comme si le marbre aux cieux.


7

Nous apportant la suprise
Par ses volumes, les coins
Telle que la chose est prise,
L’ordre des mots brise.

La chose est mobile ou
Toute bousculante . C’est fou.
La chose est l’espace, hors
De tout ca – la mort.

On peut la creuver, bruler,
Abattre, forcer, jetter
Et tout en meme temps
Elle ne crie pas – Putain !



8

Arbre. Ombre. Terre
pas de racines, ni vert.
Les pattes de mouches partout.
Argile, pierres – c’est tout.

Melange des herbes, des racines
Pesent aussi que la pierre
Comme de toutes les peines
Absolument liberent.

Immobile. Severe.
Sans deplacer la pierre.
L’ombre.  Un etre y est
Comme poisson au filet.


9

Une chose, sa couleur brune.
Et ses contours au brume.
C’est la nuit forte.
Rien. La nature morte.


La mort viendra et trouvera
Dont la surface de glace
Traduisant la venue
D’une femme allongee et nue.

Tout est absurde, faux:
crane, squelette, cheveux.
«La mort arrivera seule
Te regardant aux yeux».


10

La Mere disant a Christ:
 - Mon fils ou mon Dieu?
Sois crucifie au croix
Ou je retrouve ma voie?

Comment rentrer chez moi?
Sans accorder le loi?
Es-tu mon fils ou le Dieu?
Vivant ou mort? Les Cieux!

Lui repondant tout haut
- vivant ou mort, tout egal
Oh, la mere! Je suis a toi!
Fils ou Dieu – ton choix!


1971.


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